mercredi 5 décembre 2007

Cher passant


C’est l’histoire d’une photo. Volée sur le blog de François Simon, critique gastronomique. Volée d’abord, bien sûr, à cause des jambes de cette femme, cachée sous la table. Jambes interminables, splendides qui attirent l’oeil magnétisent le regard. Elles sont à elles seules un hommage à la plus belle réplique de François Truffaut (tiens un autre François) « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. » Et l’on pourrait se contenter de cette vision. Rester accroché à cette perfection. Mais, le regard glisse, peut-il faire autrement, le long de ces jambes. Il tombe sur ce livre tenu à l’envers. Difficile de lire le titre. Il traite des bistrots visiblement. Puis il y a l’assiette, la cocotte, les petites carottes, les pommes de terre, et..., et puis quoi encore. Je ne sais pas, je ne reconnais pas. Quoi qu’il en soit, ça donne envie. Envie de partager le repas avec cette paire de jambes, et leur propriétaire, qui se refuse à notre regard.
Et puis, au second plan, il y a cet homme qui passe, un casque de moto sur la tête. Son regard lui aussi a été attiré par ses deux pieds qui dépassent, incongrus au dessus de la banquette. Il a dû voir le photographe, juste au moment où il prenait le cliché. Le passant est devenu un acteur involontaire de cette photo. Celui qui me la rend encore plus attachante. Parce que lui a dû voir la jeune femme, une fois le cliché pris, lorsqu’elle est remontée, qu’elle s’est remise à l’endroit. Lui, par le plus grand des hasards, parce qu’il passait là, entre deux courses, avant ou après son boulot, a vu ce que nous ne verrons pas. Lui, simple figurant, rend cette photo encore plus belle.

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