mercredi 5 septembre 2007

Je suis malade

Sicko, le nouveau film de Michael Moore est assuré de faire à nouveau un succès en France. D'une part parce que nous gardons un esprit antiaméricain très fort, même si notre président voudrait se rapprocher de Georges Walker Bush, et d'autre part parce que Moore donne du système de santé français une image plus que flatteuse.
Il est vrai que comme d'habitude Moore réussi son coup, brosser un portrait effarant du système de santé US au travers de témoignages et exemples édifiants, de comparaisons peu flatteuses et un solide sens de l'humour. Mais utiliser les larmes des "victimes" des assurances de santé, si l'on ne peut pas remettre en cause leur sincérité, dans leur accumulation n'offrent pas une vraie réflexion, mais sont un recours à l'émotion facile, tout le monde le sait comparaison n'est pas raison, et Moore en visitant le Canada, l'Angleterre et la France évite de pointer du doigt les défauts des systèmes de santé (pas un mot par exemple du "trou" de la sécu, des difficultés des bénéficiaires de la CMU (couverture médicale universelle ) pour trouver un médecin. Que dire aussi de la dernière partie du film, où les "héros du 11 septembre" vont se faire soigner à Cuba, par de gentils médecins, et pour 0$, alors que les États-Unis les laissent mourir ? Moore évite de parler de la situation politique de Cuba, de l'état de pauvreté de la population, des conditions déplorables pour la liberté d'expression. Il ne ressort de ces séquences que l'idée que Cuba est un paradis sur Terre pour les malades, les infirmes, les indigents.
Sicko, comme les autres "documentaires" de Moore, pèche par son manque de rigueur, son recours au rire et à l'émotion pour mettre le spectateur dans sa poche, et une vision simpliste de la politique. Pour autant Moore, dans une Amérique conservatrice peut encore s'exprimer, critiquer, gratter là où ça fait mal, faire peur aux puissants, politiques ou financiers. En ce moment en France ce genre de trublion manque, la presse dans sa quasi-totalité n'a d'yeux que pour Notre Président, son action, sa parole, et peu de voix se font entendre pour apporter, sinon une critique, du moins un autre son de cloche, rien que pour cela Sicko fait du bien. Par les temps qui courent ce n'est pas du luxe.

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