mercredi 27 février 2008

Sang noir

C'est un vrai film. C'est du vrai cinéma. Celui qui raconte des histoires. Celui qui dit des choses. Celui qui donne à voir.
Le titre s'inscrit en lettre gothique sur l'écran, There Will Be Blood. Comme une promesse. Une prophétie ? Des bruits de pioche. Des étincelles. Une mine. Un homme seul. Daniel Day Lewis qui sera de chaque scène, de presque chaque plan. Une présence. Un charisme. Un personnage que l'on ne trouve qu'au cinéma. Un homme comme la légende américaine les aime. Le self-made-man dans toute sa splendeur, et toute son horreur. Parti de rien, du fond du trou, littéralement du fond du tour, pour arriver... pour finir... ailleurs, dans un autre trou. Entre la mine du début et la fin il y aura eu le pétrole. L'or noir qui a façonné une certaine Amérique, qui a façonné l'idée du capitalisme.
Après la fièvre de l'or tout court qui agita les États Unis naissants, c'est une autre fièvre qui traverse ce film. Celle du pétrole. Et aussi celle de Dieu. Parce que le personnage de Lewis qui ne croit qu'en l'argent, et qui trouve dans le pétrole le moyen d'en amasser, rencontre sur sa route un homme qui ne croit qu'en Dieu pour lui aussi arriver à ses fins. Un prédicateur contre un entrepreneur. Deux aspects d'une imposture. Car si les deux se veulent des bienfaiteurs de l'humanité, serviteur de l'âme pour l'un, pourvoyeur de richesse pour l'autre, au final ils ne servent qu'eux-mêmes, et leur ambition. Ils vont s'affronter, ils vont se confronter, ils vont s'humilier, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un.
There Will Be Blood sous des dehors de fresque sur fond de pétrole, d'épopée dans l'Amérique du début du siècle, est une nouvelle introspection de l'Amérique. De cette Amérique partagée entre la folie de l'argent et la folie de Dieu. Un drame intime d'un homme qui ne rêve que d'une chose, avoir assez d'argent pour vivre loin des hommes. Un portrait cruel des promesses non tenues. Celle de la rédemption dans le giron de l'Eglise. Celle d'un pays de cocagne où tous les rêves les plus fous peuvent se réaliser. Car au final, il n'y a pas de salut, ni dans Dieu, ni dans l'argent. Et l'ultime confrontation entre les deux hommes ne donne pas de vainqueur.

mardi 26 février 2008

Vide et vidé

Les jours se suivent et se ressemblent dans les salles obscures. Après le très décevant Paris, voici le très nul Cloverfield. Bon cette fois-ci j'étais prévenu, mais comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois. Tant pis pour moi, ça m'apprendra à être curieux.
Il y a deux façons d'aborder Cloverfield. Soit on y voit un nouveau film de monstre style Godzilla. Soit on l'aborde par l'aspect formel du projet. Quel que soit l'angle d'attaque, il n'y a pas grand-chose à en tirer. En tant que nouveau film de monstre, Cloverfield, n'apporte pas grand-chose. Une grosse bébette bien méchante, arrivée de nulle part, à moins que ce soit d'ailleurs, attaque New York, décapite la statue de la Liberté et comme le World Trade Center est déjà à terre, elle fait tomber l'Empire State Building. Dans la rue des gens hurlent, courent, l'armée est dépassée, et un groupe de copains tente de survivre. Rien d'original vous en conviendrez.
Si l'on prend le côté formel, il y a plus à dire. JJ Abrams producteur malin de Alias et Lost a eu la bonne idée de recycler Youtube au cinéma. A l'heure où tout le monde ou presque possède une caméra numérique et peut donc filmer tout et n'importe quoi avant d'en faire profiter le monder entier grâce aux plateformes de partage sur l'internet, il part du principe que si New York était attaqué, il y aurait bien un petit malin pour suivre tout cela avec une DV. Nous voilà donc embarqués avec un cameraman amateur et donc maladroit. La caméra bouge dans tous les sens, filme à l'arrache, cadre n'importe comment. Et ça marche. 10 minutes. Passée la surprise de l'attaque, les premiers instants de panique vécus de l'intérieur, le procédé tourne à vide. Et le film avec. Parce que l'idée à des limites (pas de montage, pas de mise en scène, une action tributaire de ce que peut filmer la DV), et qu'au lieu de les assumer Matt Reeves (le vrai réalisateur) les contourne (utilisation d'écran de télé pour apporter des infos), s'en fout (le monstre est toujours là où vont les acteurs), et au final tout cela n'est plus qu'un gadget. Le pire c'est que le procédé se retourne contre le film, puisqu'il désarmorce la tension et le spectaculaire, sans pour autant créer une vraie empathie envers les victimes. Les personnages ne sortant jamais de leurs caractéristiques (le jeune premier, le bon copain, la fille au caractère trempée...) et restent jusqu'au bout des silhouettes unidimensionnelles auxquelles on ne s'identifie pas.
C'est barbouillé, à deux doigts de vomir que l'on ressort de la salle. La tête vide et l'estomac sur le point de l'être.
Et en plus, on nous promet une suite. Préparez les sacs à vomi.

lundi 25 février 2008

Vide

Il faut défendre les grands films malades. Il faut aussi de temps en temps dire quand ils sont trop malades pour être sauvés.
Pourtant, en voyant l'affiche de Paris puisque c'est du dernier Klapisch qu'il s'agit, donc en voyant l'affiche on pouvait croire, espérer en avoir pour son argent. Imaginez: Binoche, Duris, Luchini, Dupontel, Cluzet, Viard, et bien d'autres encore, et pas que des tocards. Un casting à faire rêver. Mais avec les meilleurs acteurs du monde, si on n'a pas de scénario, pas d'histoire à raconter, pas de point de vue à partager, bref si à tous ces acteurs on ne leur donne pas du grain à moudre, on n’en fait rien, ou si peu.
Oui c'est beau un générique comme celui-ci, mais pour faire quoi ? Raconter le vrai Paris, nous montrer les vrais gens. Parce que bien sûr tous les vrais gens de paris habitent dans de beaux appartements avec vue sur la Seine, le Père Lachaise, ou la Tour Eiffel, qu'ils soient danseur malade, prof de fac, architecte, ou étudiante. Passons. Ce n'est pas le sujet.
Le sujet, c'est que justement il n'y en a pas. Un danseur malade qui observe la ville et ses habitants, leur invente des histoires, c'est que nous vendait plus ou moins la bande-annonce. Belle idée. Mais voilà, elle n'est pas dans le film. Et le danseur malade se contente de poser devant sa fenêtre en regardant passer les jours et les saisons. Pas très excitant comme idée. Encore lui il a un rôle à défendre, des dialogues, un semblant d'épaisseur. C'est normal, Duris est l'acteur fétiche de Klapaisch. Pauvre Viard qui doit se contenter de trois scènes ridicules. Pauvre Cluzet qui malgré tout son talent, et il en a, n'a rien pour faire vivre son personnage qui ne fait que passer, sans exister. Ils sont nombreux dans ce cas à ne faire que passer, sans rien dire ou si peu, un petit tour et puis c'est tout. Un petit cliché et puis s'en va. Comme Julie Ferrier qui meurt sans raison, sans que l'on ait eu le temps de s'attacher un peu à son personnage pour que cette mort nous fasse ressentir un petit quelque chose. On passe devant son corps sans vie comme les autres personnages du film, en se disant que c'est triste et en l'oubliant deux secondes plus tard.
Klapisch enfile les clichés, les personnages unidimensionnels, les scènes sans arriver à faire un film. Sans arriver à trouver quoi dire, quoi nous dire. Encore un film choral avec un beau casting, mais qui tourne à vide.

dimanche 24 février 2008

Et le César #7: T'en fait pas Clotilde, je t'aime quand même...

Voilà, la 33e cérémonie des César est passée, et comme d'habitude, je vais râler, et critiquer les choix de l'académie. Mais avant que je me lache....

....Voici le palmarès presque complet.

César du Meilleur film
La Graine et le mulet
César du Meilleur réalisateur
Abdellatif Kechiche
César du Meilleur acteur
Mathieu Amalric
César de la Meilleure actrice
Marion Cotillard
César du Meilleur acteur dans un second rôle
Sami Bouajila
César du Meilleur jeune espoir masculin
Laurent Stocker
César du Meilleur jeune espoir féminin
Hafsia Herzi
César de la Meilleure actrice dans un second rôle
Julie Depardieu
César de la Meilleure première oeuvre
Persepolis
César du Meilleur film étranger
La Vie des autres

Bon, je pourrais me la péter en faisant remarquer que j'avais prédit la plupart des trophées décernés lors de cette cérémonie. Mais bon, comme ce palmarès ne me plait pas trop, je ne vais pas le faire remarquer. Bien sûr Amalric, Stoker, Bouajila ont eu leur trophée. C'étaient mes coups de coeur, et ça me fait plaisir. Mais Clotilde Hesme n'a rien eu, Isabelle Carré non plus, mais difficile pour elle de faire le poids face au rouleau compresseur Cotillard, et puis surtout, l'Académie à encore une fois choisi une certaine idée du cinéma d'auteur, une idée qui est de plus en plus éloignée de la mienne. Celui qui laisse le public sur le bord de la route, celui qui ne vibre pas, celui qui a oublié que le cinéma est un art certes, mais un art populaire. La Graine et le Mulet est un film long, chiant, austère, et Abdélatif Kechiche un réalisateur surestimé. À côté de lui se trouvaient deux réalisateurs, Dahan et Shnabel, qui ont fait, chacun dans leur genre, un film d'auteur, avec un style, des idées, un point de vue, et surtout, une générosité. Car c'est ce qui manque au film primé. Car sous des dehors de film humaniste, filmé à hauteur d'homme, c'est un film sans enjeu, sans envie, prévisible, et au bout du compte sans âme.
Ce palmarès était prévisible, quand, dès les nominations, était absent un des films les plus généreux de l'année passée, Les Chansons d'Amour.

vendredi 22 février 2008

Et le César....#6: The Best

Presque fin de la série: "Amusons nous avec les César", voici les deux catégories majeures en commençant par le MEILLEUR REALISATEUR dont voici les nominations:
Olivier Dahan pour La Môme
Abdellatif Kechiche pour La Graine et le Mulet
Claude Miller pour Un secret
Julian Schnabel pour Le Scaphandre et le Papillon
André Téchiné pour Les Témoins
Abdellatif Kachiche ou Olivier Dahan. Le chouchou de la critique, le chef d'oeuvre de la fin de l'année passée selon une bonne partie de la presse, ou le carton populaire du début de l'année dernière. Difficile de faire un pronostic. Est-ce qu'après une année cinéma d'auteur au César 2006, allons nous assister à un retour vers un cinéma plus grand public ? Je n'arrive pas à choisir. C'est facile me direz vous. Mais je n'ai jamais dit que j'étais courageux.
Quoi qu'il en soit, si les votants n'arrivent pas comme moi à choisir, j'aimerais qu'ils songent sérieusement à Julian Schnabel. Entre les deux tenants d'un certain classicisme, volià un réalisateur qui ose, et qui réussit son coup.

Les nominés pour le César du MEILLEUR FILM sont:
La Môme d'Olivier Dahan
La Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche
Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel
Un secret de Claude Miller
Je pourrais faire un copier-coller e ce que je viens d'écrire un peu plus haut. Ce que je ne ferais pas. Je me contenterais de râler un peu, pour changer, et déplorer l'absence d'un des grand film de 2007, Les Chansons d'amour, à part Clothilde Hesme, Louis Leprince-Ringuet, et quelques nominations techniques, il est absent de cette selection, c'est injuste, et je le dis haut et fort.

Prochain et dernier épisode après la cérémonie, donc dimanche ou lundi, pour comparer mes pronostics, mes coups de coeur avec le palmares, et bien sûr, raler un peu...

mercredi 20 février 2008

Vous aimez les séries...


... moi aussi.
Comme nous sommes plusieurs dans cette situation de quasi dépendance aux fictions télé, certains petits malins ont eu l'idée d'écrire des bouquins sur le sujet.
Martin Winckler et Marjolaine Boutet reviennent en deuxième année avec L'année des Séries 2008, panorama assez complet de ce que la télévision nous a proposé de meilleur, et parfois de pire au cours de l'année écoulée, que ce soient les séries US, françaises, britanniques ou autre.
Dans un autre style, mais tout aussi intéressant, Séries TV, pourquoi on est tous fans, aux Editions Edysseus. Analyses parfois très poussées, aperçu historique, reflexion sur le genre, ce livre est comme le précédent écrit par des amateurs, des passionés, des vrais passeurs. Et je ne dis pas ça juste parce que je connais très bien l'auteur du premier chapitre...

lundi 18 février 2008

Et le César... #5: Mademoiselle, Monsieur

Avant-dernier épisode de la série : "Les César, c'est chouette", avant l'ultime rendez-vous pour le meilleur réalisateur, et le meilleur film, voici donc les nominés pour le César du MEILLEUR ACTEUR:
Mathieu Amalric dans Le Scaphandre et le Papillon
Michel Blanc dans Les Témoins
Jean-Pierre Darroussin dans Dialogue avec mon jardinier
Vincent Lindon dans Ceux qui restent
Jean-Pierre Marielle dans Faut que ça danse !
Deux options dans cette catégorie, soit les votants récompensent la durée, l'expérience, et un des derniers monstres sacrés du cinéma français, Jean-Pierre Marielle, en plus ça fera plaisir à son copain Rochefort, président de cette soirée. Soit les "académiciens" se tournent vers la performance d'un jeune acteur, Mathieu Amalric, parfait dans Le Scaphandre et le papillon.
Si tout cela ne tenait qu'à moi, ce qui n'est malheureusement pas le cas, Amalric repartirait avec le trophée sous le bras. Mais, je ne sais pas pourquoi, je pense que le César finira entre les mains de Marielle.

Passons maintenant aux nominations pour le César de la MEILLEURE ACTRICE :
Isabelle Carré dans Anna M
Marion Cotillard dans La Môme
Cécile de France dans Un secret
Marina Foïs dans Darling
Catherine Frot dans Odette Toulemonde
C'est sans doute la catégorie où le pronostic est le plus facile. Depuis un an, depuis que j'ai vu La Môme j'ai la certitude que Marion Cotillard remportera le César. Performance spectaculaire, interprétation magistrale, et nomination aux Oscar. Comment peut-elle partir bredouille ?
Mais moi malgré toutes les qualités d'actrice de Cotillard, malgré sa performance, mon coeur penche, et penchera toujours je le pense, du côté de Isabelle Carré. Ce n'est pas objectif je sais, je suis sous son charme depuis son premier film et je l'ai déjà dit ici. Tant pis pour les autres, il n'y a qu'Isabelle qui compte.

dimanche 17 février 2008

Voilà, Opération Frisson c'est terminé...

Eh oui, une nouvelle fois le mois de février nous apporte de mauvaises nouvelles. Bien sûr il faut beau et le nain président chute dans les sondages, mais Roy Sheider est mort, The Hobbitt est en danger et la pire de toutes les mauvaises nouvelles c'est celle qui est tombée vendredi 15, la fin d'Opé F.
Ce n'est pas parce que la direction de Cinécinéma en a eu assez des pitreries de Dahan et de ses critiques sans concessions sur les films en salle ou sortant en DVD. Non, si Opé F. s'en va, c'est parce que le chauve toulousain va faire du cinéma. Oui, le critique en a eu marre de dire du mal des films des autres, et il a passé le cap. C'est bien pour lui. Mais triste pour moi.
Fini les "Bonjour et bienvenue" tonitruants, fini les titres d'émissions idiot comme "Le retour des Yakayo", "Aujourd'hui c'est hot saucisse", "Vas y que je t'embabouine...", "Plus c'est con, plus c'est bon...", "Mieux vaut rire comme une baleine, que pleurer comme une madeleine...", ou encore "Au cinéma les hommages, c'est comme s'envoyer un cassoulet de Castelnaudary gorgé de saucisses. Au début ça fait toujours plaisir, mais une fois la nuit tombée, on comprend vite qu'on s'est fait prendre en traitre..". Fini les "give me de DVD, you punk mother fucker". Bref finit la seule émission (avec Groland) que je ne peux pas rater sans avoir mal au cul.
Au-delà de la rigolade, si je n'ai pas besoin de Yannick pour aller voir les films de Peter Jackson, Guillermo Del Toro ou des frères Cohen, qui va me dénicher des inédits DVD improbables, qui va me faire découvrir les nouveaux Nacho Cerda, Alfonso Cuaron ou Simon Pegg dont j'ignorerais presque tout si le brave Dahan ne s'était pas escrimé à longueur d'émission à défendre ces réalisateurs et scénaristes. Je lui dois également la découverte de Will Ferrell, et pour ça je lui en serais éternellement reconnaissant. Opé F. (et ses émissions précédentes) défendait un cinéma généreux, honnête, sincère, modeste, jamais cynique bref le vrai cinéma de genre tel que je l'aime.
Bon, bien sûr il n'a pas réussi à me convertir au culte de Steven Seagal, mais peut-on vraiment lui en vouloir ?
Voilà, Opération Frisson, c'est définitivement terminé. Salut Dahan, je t'aimais bien, et j'ai versé une larme (soyons honnête plusieurs) en regardant la dernière, et même si c'est parce que ce soir là, après une semaine de merde, fatigué comme jamais, épuisé nerveusement, à deux doigts du gros nervous breakdown, j'étais plus proche de la grosse otarie bourrée à la bière que de mon état normal, cette larme (d’accord, ces nombreuses larmes) était sincère. Oh Yeah!

P.S. Pour tous les intoxiqués, tous ceux pour qui la rupture est trop douloureuse, une seule adresse L’antre de Dahan, avec presque toutes les émissions disponibles en téléchargement.

mercredi 13 février 2008

Il n'ira plus voir Syracuse

Et je m'en vais clopin-clopant
Dans le soleil et dans le vent,
De temps en temps le cœur chancelle...
Y a des souv'nirs qui s'amoncellent...
Et je m'en vais clopin-clopant
En promenant mon cœur d'enfant...
Comme s'envole une hirondelle...
La vie s'enfuit à tire-d'aile...
Ça fait si mal au cœur d'enfant
Qui s'en va seul, clopin-clopant...

John is back

Les trentenaires comme moi se souviennent avec plus ou moins d'émotion de deux figures emblématiques du cinéma des années 80: Rocky et Rambo. Dans cette décennie qui a vue l'émergence du néoconservatisme américain incarné par le président Reagan, ces deux icônes populaires furent très vite récupérées par les tenants de la droite dure pour en faire des étendards de l'Amérique triomphantes. Rocky en symbole de la réussite individuelle, du self-made-man, bref du modèle de l'homme des années 80 et Rambo en symbole de l'Amérique triomphante ayant oublié les années de honte qui suivirent le traumatisme du Vietnam. C'est oublier qu'à l'origine ces deux héros n'étaient pas ce que les suites cinématographiques en firent , ils furent vidés de leur substance. Souvenez-vous que Rocky perd son combat contre Apolo, et que Rambo, vétéran du Vietnam brisé est traqué par des américains.
20 ans après, Sylvester Stalone est revenu sur ces deux personnages qui ont fait sont succés, et leur rend enfin tout ce qui fit que nous, que je les ai aimés. Après avoir rendu son nom à Rocky l'an dernier dans Rocky Balboa, justement salué par la critique, bien qu'un peu boudé en France par le public. Cette fois-ci c'est Rambo qui gagne un prénom avec John Rambo, retour aux sources, et chant du cygne pour le personnage.
John Rambo est un homme revenu de tout, qui a perdu le peu d'espoir et de foi en l'humanité qui pouvait lui rester. Cette dernière mission, en Birmanie, pour sauver un groupe de missionnaires, ne va pas lui faire reprendre confiance en l'homme, même si au final, la seule personne qu'il sauvera vraiment, porte, contre vents et marées, et après avoir traversé l'enfer, l'espoir que l'homme peut être bon, et que nous ne sommes pas condamner à passer nos vies à nous entretuer. Rambo, retrouve les réflexes acquis pendant la guerre, et redevient la machine à tuer que l'armée à fait de lui. Il n'est pas un barbare, un être né pour tuer. Ce qu'il est, ce n'est que ce que nous pourrions tous être. Il n'est que notre côté noir et violent poussé à l'extrême, par les circonstances, par le milieu, par obligation. Il est notre mauvaise conscience, celui qui à mis les mains dans le sang, et doit vivre avec, celui qui a accompli les basses oeuvres du gouvernement, et que l'on regarde de travers parce qu'il nous dégoutte, parce que nous savons, au plus profond de nous, que nous aurions pu être comme lui si nous avions été confrontés a ce qu'il a vécu.
John Rambo n'est pas une apologie de la doctrine de Bush, comme certains l'on dit, mais un regard lucide sur ce qu'est notre monde où la guerre, la violence, la barbarie est une réalité. Triste réalité. Sinistre réalité. Mais réalité tout de même.
John Rambo est certes moins réussi que Rocky Balboa (sans doute parce que le personnage est moins proche de Stalonne) mais reste un film honnête, sincère, qui ne cherche pas à être autre chose que ce qu'il est, un film de guerre, assume son discours, et respecte ses personnages. C'est déjà beaucoup.

lundi 11 février 2008

Et le César...#4: Secondaire

C'st une drôle de catégorie que celle du meilleur second rôle. Cette dénomination inclus une sorte de hierarchie, alors que Best Supporting Actor, ça ne fait pas la même chose.

Bon, quoi qu'il en soit, les 5 nominés pour le César du MEILLEUR SECOND ROLE FEMININ sont
Julie Depardieu dans Un secret
Noémie Lvovsky dans Actrices
Bulle Ogier dans Faut que ça danse !
Ludivine Sagnier dans Un secret
Sylvie Testud dans La Môme
Actrices confimée ou jeune garde. Nouveau César pour Julie Depardieu ou Nouveau visage pour la récipendiaire ? Difficile pour moi de juger, n'ayant vu qu'un seul film dans le liste de ceux nominés. En l'occurence La Môme. Et franchement, Sylvie Testud ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Donc pour cette catégorie, que ce soit pour le pronostic et mon césar perso, je sors mon joker.

Passons à la liste des nominés pour le César du MEILLEUR SECOND ROLE MASCULIN
Sami Bouajila dans Les Témoins
Pascal Greggory dans La Môme
Michael Lonsdale dans La Question humaine
Fabrice Luchini dans Molière
Laurent Stocker dans Ensemble, c'est tout
J'ai déjà fait part de ma préference pour Laurent Stocker pour le César du meilleur espoir. Là les choses sont un peu différente. Il y a de vrai pointure dans la compétition, et il risque de ne pas faire le poid. Luchini pourrait bien l'emporter grace à son rôle de M. Jourdain dans le Molière. Il n'a pas fait son numéro habituel, et dans un film boiteux, bancal, pas raté mais pas réussi, il s'en ai sorti avec talent.
Pour ma part, j'ai toujours eu un faible pour Sami Bouajila. Je ne l'ai pas vu dans Les Témoins, et en toute mauvaise foi, sans avoir pu juger de son interprétation dans ce film, je lui décerne mon César.

mercredi 6 février 2008

Coup de balai au cafard

Si vous êtes déprimé en ce début de mois de février, si tout vous insupporte le temps qu'il fait et celui qui passe, vos collègues, si vous avez le cafard, si vous râlez à longueur de journée, si vous êtes fatigué avant même d'avoir quitté votre lit. Bref si comme moi en début d'après-midi vous n'avez pas le moral et que vous ne rêvez que d'une chose, disparaitre de la surface de la Terre pour être enfin tranquille, attendez un peu avant de mettre la tête dans le four et allez voir Juno.
C'est un film qui commence mal. Une lycéenne découvre qu'elle est enceinte. Elle n'avait pas prévu ça et après un troisième test positif, elle décide de se pendre... avec un ruban de réglisse. Juno renonce à son acte en mordant à pleine dent dans son morceau de réglisse avant d'appeler sa meilleure amie pour lui annoncer la nouvelle. Celle-ci avant de s'inquiéter de l'état de sa camarade se demande comment elle a pu pisser sur trois tests de grossesse. Deux scène et le ton est donné. Car nous ne sommes pas devant un téléfilm sociétal du service public. Loin de là, pas de poncifs, pas de clichés. Exemple : les parents de Juno ne vont pas hurler à la mort, ils vont prendre avec flegme, et humour l'annonce qui leur est faite.
Juno est une jeune fille qui si elle est perdue pendant un moment, sait ce qu'elle veut. Et ce qu'elle ne veut pas. Caractère bien trempé et répartie facile. Elle pose un regard amusé et jamais cynique sur le monde qui l'entoure et sur son ventre qui grossit et qui devient lourd à porter, autant en raison du regard des autres que de l'aspect purement physique. Elle dégage une énergie communicative, elle est attachante, et l'on rêverait d'avoir dans son entourage un tel personnage.
Film juste, humaniste, sincère, jamais cynique, jamais caricatural, Juno donne une patate d'enfer. En sortant de la salle un sourire un peu idiot accroché aux lèvres, il peut faire gris, le monde peut être sale et moche, vous le verrez autrement, et vous aurez les répliques ainsi que la B.O qui vous troteront dans la tête pendant un moment. En espérant que ce moment dure le plus longtemps possible.

Bonus, trois titres de la B.O

mardi 5 février 2008

Corps

S'il ne devait y avoir qu'un seul épisode de Buffy The Vampire Slayer à retenir pour expliquer en quoi cette série est une grande oeuvre télévisuelle ce serait The Body (Orphelines en VF). Il y a beaucoup d'autres épisodes de qualité, mais celui-ci, et ce, à chaque fois que je le vois, me bouleverse.
Cet épisode, qui est à part, tout comme Hush ou Once More With Feeling, traite de la mort comme je l'ai rarement vu faire dans une fiction. Sans la moindre musique en dehors de celle du générique, chaque acte se déroulant pratiquement en temps réel, l'épisode ne traite pas à proprement parler du deuil, mais bel et bien de la mort, et de comment une personne une fois morte n'est plus qu'un corps.
Chaque acte, à part le premier, s'ouvre d'ailleurs sur le corps de Joyce Summer, quand on « l'emballe » dans le sac mortuaire, quand on la déshabille avant l'autopsie, et après que le médecin légiste a effectué celle-ci. Ce corps autour duquel tout tourne, au centre de cet épisode, n'est jamais montré de façon déplacée, voyeuriste, mais toujours avec pudeur, respect, distance. Il ne s'agit pas de faire un épisode morbide, mais bien de replacer le corps sans vie, vide, au centre de la mort.
Le personnage de Dawn, la plus jeune fille, cherche à le voir pour prendre conscience de cette mort. Anya, s'interroge sur le pourquoi, mais surtout le comment de la mort, et du fait que celle qui fut Joyce se résume désormais à un simple amas de chair et d'os.
Le corps, dont les côtes craquent quand Buffy lui fait un massage cardiaque, est aussi celui de ceux qui restent. Willow passe des heures à chercher comment habiller le sien, Xander frappe, et transperce un mur, d'un coup de poing, pour évacuer la souffrance, et la sentir dans son corps, Dawn s'effondre quand elle apprend la nouvelle, tout comme Buffy vomit une fois que les ambulanciers lui ai dit ce qu'elle savait déjà.
Le corps est enfin, parce que nous sommes dans Buffy, celui d'un vampire qui s'éveille dans la salle de la morgue. C'est un corps nu, marqué par les lividités, jamais auparavant montré de la sorte. Il est cru, brut, sans artifice. Tout comme le combat entre Buffy et ledit vampire. Nous ne sommes pas devant une chorégraphie de la violence, mais devant sa forme brute, sèche, rugueuse. Buffy peine à éliminer son adversaire, et ne fait disparaitre le vampire qu'en lui tranchant la tête avec une scie chirurgicale, dans un acte de violence inhabituel.
Épisode d'une grande justesse, The Body, prouve, s'il en était encore besoin, que la fiction télé n'est pas qu'un simple passe temps pour décérébré, mais dans ces plus beaux exemple, comme par exemple Buffy, un vrai terrain d'expression artistique, dont Buffy, dans son ensemble, et pas que dans l'épisode décrit ici.

lundi 4 février 2008

Et le César... #3: Il faut un début à tout

Troisième épisode de ma série: les césar c'est rigolo, penchons-nous sur le césar qui encourage, l'un des seuls césar que l'on ne peut gagner qu'une fois, le césar du meilleur premier film.
Selon la formule consacrée, les nominés pour le césar du MEILLEUR PREMIER FILM sont
Ceux qui restent réalisé par Anne le Ny
Et toi t'es sur qui ? réalisé par Lola Doillon
Naissance des pieuvres réalisé par Céline Sciamma
Persepolis réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
Tout est pardonné réalisé par Mia Hansen-Love

Compétition très ouverte, où, à part Persepolis, aucun de ces films n'a vraiment trouvé son public lors de sa sortie, mais qui ont de vraies qualités (je ne parle, encore une fois que de ceux que j'ai vus, et donc je ne sais pas ce que vaut, Tout est pardonné). Pour ma part, parce qu'il aborde un thème qui m'est cher, la mort, le deuil, et les survivants, je donnerais volontiers la statuette à Ceux qui restent. Premier film d'une actrice discrète, de celles que l'on connait pour l'avoir vue dans nombres de film, mais dont on est incapable de retenir le nom, ce film est à l'image de sa réalisatrice, simple, délicat, touchant, juste. Il est difficile de rester insensible à ce double portrait, lui visitant sa femme malade avec régularité, dévouement, amour, elle trainant les pieds pour rendre visite à son ami souffrant. Ils se croisent et s'aiment. Avec l'ombre de la mort planant au dessus de leur tête.
Il se pourrait que l'académie décerne pour la première fois de son histoire le trophée à un film d'animation en récompensant Persépolis. Ce serait également une façon de faire oublier le fait que l'académie des Oscar n'a pas retenu le film dans la catégorie meilleur film étranger (il est en compétition pour le meilleur film d'animation)

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