lundi 6 octobre 2008

Parlez moi de Bacri

Le cinéma français est un grand malade. Si j'avais lu cette phrase dans n'importe quel magazine culturel ou pseudo culturel, je serais monté sur mes grands chevaux, j'aurais piqué une grosse colère, et j'aurais balancé ledit magazine à la poubelle, voire par la fenêtre. Si au cours d'une discussion quelqu'un avait lâché cette phrase définitive, il aurait subi le même sort que le magazine, poubelle et fenêtre compris.
Pourtant, il me faut reconnaître qu'un certain cinéma français est gravement malade. Le cinéma d'auteur, cette gloire de la culture française, tourne en rond, et ne voit pas qu'il devient une caricature encore pire que celle qu'en font les Guignols de Canal. J'avais déjà pointé du doigt ce qui me semblait être les défauts majeurs du cinéma français: manque d'audace, peur des sujets, incapacité d'aller au bout d'une idée... Avec Parlez-moi de la pluie, le troisième film de Agnes Jaoui, nous allons encore plus loin. Cette fois-ci nous est donnée à voir un film de 1 h 38 min qui ne nous raconte rien. En sortant de la salle, le spectateur regarde son voisin, et y trouve la même expression vide, le même regard hagard et le sentiment d'avoir perdu 1h40 de sa vie.
À part Jean-Pierre Bacri, qui compose un rôle de loser magnifique, de paumé splendide, un type qui marche à côté de sa vie, il n'y a rien d'autre dans ce film. Des personnages transparents, qui n'évoluent pas, qui ne sont que des clichés, qui se baladent dans un univers de cliché, que jamais Bacri et Jaoui n'arrivent à dépasser, à transcender.
Parlez-moi de la pluie est le symbole de ce cinéma français, soutenu par Télérama et les autres magazines pour cultureux, qui se regarde le nombril, mais qui ne voit pas qu'il va dans le mur.

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