jeudi 8 février 2007

Séquence nostalgie

Aujourd’hui tout le monde a oublié qui est John Hugues (en tout cas autour de moi), mais dans les années 80 ce réalisateur américain a connu un certain succès. Avec des comédies pour ado pas bêtes et pourtant transgressives, avec ce qu’il faut de sexe, drogue et rock’n roll, de révolte et de décomplexions. Loin des dernières productions destinées aux teenagers découlant des Américan Pie et autre Scarry Movies, grosses bouses racoleuses sans imagination, sans discours, et au final sans intérêt. Mais en dehors de Weird Science (Une créature de rêves) gros délire à la gloire des geek, ou Ferris Bueller’s Day Off (La folle journée de Ferris Bueller) pochade sympatoche sur la fin de l’adolescence, il fut le réalisateur d’un des meilleurs films sur l’adolescence, son malaise, sa révolte, ses questionnements : Breakfast Club.
En apparence c’est un film pour ado classique, un High School comme un autre, un matin de colle comme les autres, 5 lycéens comme les autres réunis contre leur gré dans cette bibliothèque parce qu’ils ont fait des choses interdites par le règlement. Cela ressemble à n’importe lequel des High Schools movie, ça fait même peur tellement c’est cliché. Dans cette salle de colle, il y a le sportif, le délinquant, la fille populaire, l’intello et la folle. Et même le proviseur buté, borné. Mais les clichés ne sont là que pour souligner le propos du film. John Hugues dépasse vite cette vision stéréotypée de la jeunesse. Il pose le doigt là où ça fait mal, il décortique le mal-être de ces jeunes, qui sous leur masque sont tous les mêmes, souffre de la même façon, subissent la vie qu’on leur propose, impose, la seule différence c’est la façon dont ils y répondent. L’intello trompe ses parents en ramenant des bons résultats, le sportif répond aux attentes de son père en restant un champion, la folle garde les autres à distance par son excentricité pour éviter de parler, de se dire, la reine du bal n’existe que par son apparence, et le délinquant est le seul à oser afficher sa rébellion.
Petit à petit ces cinq ados qui n’avaient à priori rien à faire ensemble vont apprendre à se connaitre, profiter de ce temps pour enfin se raconter, confier leurs tourments, en rire, en pleurer, laisser un moment tomber les masques, même s’ils ne sont pas dupes et qu’ils savent qu’après ce moment privilégié il faudra qu’ils les remettent, ils auront au moins dans les couloirs du lycée des complices, des bouées de secours: les autres membres du Breakfast Club.

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