dimanche 17 juin 2007

Chronique du Front de la Connerie

Il y a bien longtemps, du temps où Jimmy s'appelait encore Canal Jimmy, où l'antenne s'habillait de chrome, où de belles Américaines traversaient l'écran, conduite par d'encore plus belles femmes, au son d'un solo de guitare, bref il y a bien longtemps, il y avait sur cette chaîne du câble une chronique que je ne ratais jamais : « Chronique du front de la connerie ». Presque tout était dans son titre. Philippe Alfonsi, qui en était la voix et la plume, semaine après semaine, traquait les infos insolites, les news étranges, les entrefilets dont personne ne parlait, mais qui révélaient à quel point notre monde marche sur la tête. Dans un style impeccable Alfonsi démontait ces petits morceaux d'actualité, les tournait en ridicule, ou plus exactement tournait en ridicules les acteurs de ces faits divers. J'aurais bien aimé que cette chronique existe encore pour entendre ce qu'aurait eu à dire Alfonsi de l'annonce des recherches de l'armée américaine sur une "bombe gay".
Donc le Pentagone, où les cerveaux ne manquent pas, à décider de se lancer dans l'étude d'une bombe chimique qui rendrait les soldats adverses gay. Lors d'un brainstorming, un petit malin a lâché: "Et si les soldats adverses étaient homos, ils se jetteraient les uns sur les autres sauvagement afin d'assouvir leurs pulsions sexuelles dégoûtantes. Ça nous faciliterait la tâche à nous, bons soldats hétéros américains." Il y a fort à parier qu'au début il s'est dit que ça ferait bien rire autour de la table, et que l'on passerait à autre chose. Mais les généraux, amiraux et autres hauts gradés autour de la table, ont pris la remarque au sérieux, et se sont dit: "Bon sang, mais c'est bien sûr, pourquoi n'y avons-nous pas pensé avant. Non seulement cela nous donnerait un avantage tactique, mais en plus ça redorerait notre blason auprès des redneck qui seraient ravis de nous voir casser du pédé." Le projet fut donc lancé. Les labos se mirent au travail à la recherche de la formule chimique de l'homosexualité.
Malheureusement, après des mois de dur labeur, le projet fut abandonné. Et accessoirement révélé dans la presse. Les associations gay ont eu vite fait de monter au créneau pour dénoncer une telle entreprise. Ce n'est pas tant qu'elles soient choquées que les militaires pensent que l'on puisse induire l'homosexualité chimiquement, ou que les gays ne sont pas capable de dominer leurs pulsions, mais du fait que les pontes du Pentagone aient pensé que les gays ne soient pas des militaires comme les autres, qui préfèrent faire la guerre pas l'amour.
A bientôt pour des nouvelles du front de la connerie, un front où nul n’est à l'abri, ni vous, ni moi.

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