vendredi 4 avril 2008

Tristes gangsters

C'est un film étrange qui n'a pas d'équivalant dans le paysage cinématographique français. Un film à sketches, en noir et blanc, au format 1:35 (en gros, l'image est carrée). C'est un film qui ne passera sur aucune chaine française à part Canal. C'est un film déclaration d'amour au cinéma. Bourré de références et de citations. Sous le vernis du film de genre. C'est donc le genre de film qui devait me plaire.
Hélas !
J'ai toujours rêvé d'être un gangster n'est pas un film de genre comme pourrait l'indiquer son titre, qui est la première phrase du film Les Affranchis, comme pourrait le laisser penser son affiche sur laquelle Anna Mouglalis seins nus allaite son fils, un flingue glissé dans le pantalon, comme pourrait le faire croire les premières secondes où l'on voit Edouard Baer, bas sur la tête, s'avancer vers une cafétéria pour la braquer, et se prendre un poteau. Car si ce n'est pas un film de gangsters, ce n'est pas non plus une comédie, ni rien d'autre, c'est un nouveau film qui tourne à vide, et qui en plus prend la pose. La pose auteur avec un très beau noir et blanc et un format inusité. Ce bel écrin ne contient pas grand-chose, des acteurs certes talentueux, mais qui n'ont pas grand-chose à faire, ni à dire, des chanteurs vieillissants (Arno et Alain Bashung) venus faire une panouille sans intérêt, sans saveur, sans enjeu, des acteurs ayant passé le cap du viellissement (Jean Rochefort, Roger Dumas, Laurent Terzief, Jean-Pierre Kalfon et
Venantino Venantini) sympathiques, attachants, mais qui semblent être perdus dans cette galère, perdus dans un film en roue libre.

Il n'y a guère que le deuxième sketch, deux belges kidnappeurs amateurs se retrouvant avec une ado suicidaire sur les bras, et un zèbre en peluche. C'est le seul segment avec des personnages qui ont un peu d’épaisseur, une histoire, du mouvement, des dialogues qui ne sont pas que des mots d'auteur (mauvais mots d'auteur). Le seul segment qui aurait pu faire un film, un long, parce qu'à la fin il pourrait encore se passer des choses, on aimerait rester un peu plus dans cet appartement miteux, avec ces personnages attachants.

Samuel Benchetrit aime le cinéma, c'est évident, il aime les films et les auteurs, mais il n'est pas à la hauteur d'un Tarentino pour écrire des dialogues décalés, pas à la hauteur d'un Jarmush pour arriver à faire en quelques mots, quelques images faire exister une scène et des personnages, ou un Gondry pour arriver à faire partager cet amour du 7e art en alignant des références et des clins d’oeil.

J'ai toujours rêvé d'être un gangster est un film vain et vide qui se cache mal sous un joli emballage.

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