mardi 5 février 2008

Corps

S'il ne devait y avoir qu'un seul épisode de Buffy The Vampire Slayer à retenir pour expliquer en quoi cette série est une grande oeuvre télévisuelle ce serait The Body (Orphelines en VF). Il y a beaucoup d'autres épisodes de qualité, mais celui-ci, et ce, à chaque fois que je le vois, me bouleverse.
Cet épisode, qui est à part, tout comme Hush ou Once More With Feeling, traite de la mort comme je l'ai rarement vu faire dans une fiction. Sans la moindre musique en dehors de celle du générique, chaque acte se déroulant pratiquement en temps réel, l'épisode ne traite pas à proprement parler du deuil, mais bel et bien de la mort, et de comment une personne une fois morte n'est plus qu'un corps.
Chaque acte, à part le premier, s'ouvre d'ailleurs sur le corps de Joyce Summer, quand on « l'emballe » dans le sac mortuaire, quand on la déshabille avant l'autopsie, et après que le médecin légiste a effectué celle-ci. Ce corps autour duquel tout tourne, au centre de cet épisode, n'est jamais montré de façon déplacée, voyeuriste, mais toujours avec pudeur, respect, distance. Il ne s'agit pas de faire un épisode morbide, mais bien de replacer le corps sans vie, vide, au centre de la mort.
Le personnage de Dawn, la plus jeune fille, cherche à le voir pour prendre conscience de cette mort. Anya, s'interroge sur le pourquoi, mais surtout le comment de la mort, et du fait que celle qui fut Joyce se résume désormais à un simple amas de chair et d'os.
Le corps, dont les côtes craquent quand Buffy lui fait un massage cardiaque, est aussi celui de ceux qui restent. Willow passe des heures à chercher comment habiller le sien, Xander frappe, et transperce un mur, d'un coup de poing, pour évacuer la souffrance, et la sentir dans son corps, Dawn s'effondre quand elle apprend la nouvelle, tout comme Buffy vomit une fois que les ambulanciers lui ai dit ce qu'elle savait déjà.
Le corps est enfin, parce que nous sommes dans Buffy, celui d'un vampire qui s'éveille dans la salle de la morgue. C'est un corps nu, marqué par les lividités, jamais auparavant montré de la sorte. Il est cru, brut, sans artifice. Tout comme le combat entre Buffy et ledit vampire. Nous ne sommes pas devant une chorégraphie de la violence, mais devant sa forme brute, sèche, rugueuse. Buffy peine à éliminer son adversaire, et ne fait disparaitre le vampire qu'en lui tranchant la tête avec une scie chirurgicale, dans un acte de violence inhabituel.
Épisode d'une grande justesse, The Body, prouve, s'il en était encore besoin, que la fiction télé n'est pas qu'un simple passe temps pour décérébré, mais dans ces plus beaux exemple, comme par exemple Buffy, un vrai terrain d'expression artistique, dont Buffy, dans son ensemble, et pas que dans l'épisode décrit ici.

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