mercredi 13 février 2008

John is back

Les trentenaires comme moi se souviennent avec plus ou moins d'émotion de deux figures emblématiques du cinéma des années 80: Rocky et Rambo. Dans cette décennie qui a vue l'émergence du néoconservatisme américain incarné par le président Reagan, ces deux icônes populaires furent très vite récupérées par les tenants de la droite dure pour en faire des étendards de l'Amérique triomphantes. Rocky en symbole de la réussite individuelle, du self-made-man, bref du modèle de l'homme des années 80 et Rambo en symbole de l'Amérique triomphante ayant oublié les années de honte qui suivirent le traumatisme du Vietnam. C'est oublier qu'à l'origine ces deux héros n'étaient pas ce que les suites cinématographiques en firent , ils furent vidés de leur substance. Souvenez-vous que Rocky perd son combat contre Apolo, et que Rambo, vétéran du Vietnam brisé est traqué par des américains.
20 ans après, Sylvester Stalone est revenu sur ces deux personnages qui ont fait sont succés, et leur rend enfin tout ce qui fit que nous, que je les ai aimés. Après avoir rendu son nom à Rocky l'an dernier dans Rocky Balboa, justement salué par la critique, bien qu'un peu boudé en France par le public. Cette fois-ci c'est Rambo qui gagne un prénom avec John Rambo, retour aux sources, et chant du cygne pour le personnage.
John Rambo est un homme revenu de tout, qui a perdu le peu d'espoir et de foi en l'humanité qui pouvait lui rester. Cette dernière mission, en Birmanie, pour sauver un groupe de missionnaires, ne va pas lui faire reprendre confiance en l'homme, même si au final, la seule personne qu'il sauvera vraiment, porte, contre vents et marées, et après avoir traversé l'enfer, l'espoir que l'homme peut être bon, et que nous ne sommes pas condamner à passer nos vies à nous entretuer. Rambo, retrouve les réflexes acquis pendant la guerre, et redevient la machine à tuer que l'armée à fait de lui. Il n'est pas un barbare, un être né pour tuer. Ce qu'il est, ce n'est que ce que nous pourrions tous être. Il n'est que notre côté noir et violent poussé à l'extrême, par les circonstances, par le milieu, par obligation. Il est notre mauvaise conscience, celui qui à mis les mains dans le sang, et doit vivre avec, celui qui a accompli les basses oeuvres du gouvernement, et que l'on regarde de travers parce qu'il nous dégoutte, parce que nous savons, au plus profond de nous, que nous aurions pu être comme lui si nous avions été confrontés a ce qu'il a vécu.
John Rambo n'est pas une apologie de la doctrine de Bush, comme certains l'on dit, mais un regard lucide sur ce qu'est notre monde où la guerre, la violence, la barbarie est une réalité. Triste réalité. Sinistre réalité. Mais réalité tout de même.
John Rambo est certes moins réussi que Rocky Balboa (sans doute parce que le personnage est moins proche de Stalonne) mais reste un film honnête, sincère, qui ne cherche pas à être autre chose que ce qu'il est, un film de guerre, assume son discours, et respecte ses personnages. C'est déjà beaucoup.

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