mercredi 27 février 2008

Sang noir

C'est un vrai film. C'est du vrai cinéma. Celui qui raconte des histoires. Celui qui dit des choses. Celui qui donne à voir.
Le titre s'inscrit en lettre gothique sur l'écran, There Will Be Blood. Comme une promesse. Une prophétie ? Des bruits de pioche. Des étincelles. Une mine. Un homme seul. Daniel Day Lewis qui sera de chaque scène, de presque chaque plan. Une présence. Un charisme. Un personnage que l'on ne trouve qu'au cinéma. Un homme comme la légende américaine les aime. Le self-made-man dans toute sa splendeur, et toute son horreur. Parti de rien, du fond du trou, littéralement du fond du tour, pour arriver... pour finir... ailleurs, dans un autre trou. Entre la mine du début et la fin il y aura eu le pétrole. L'or noir qui a façonné une certaine Amérique, qui a façonné l'idée du capitalisme.
Après la fièvre de l'or tout court qui agita les États Unis naissants, c'est une autre fièvre qui traverse ce film. Celle du pétrole. Et aussi celle de Dieu. Parce que le personnage de Lewis qui ne croit qu'en l'argent, et qui trouve dans le pétrole le moyen d'en amasser, rencontre sur sa route un homme qui ne croit qu'en Dieu pour lui aussi arriver à ses fins. Un prédicateur contre un entrepreneur. Deux aspects d'une imposture. Car si les deux se veulent des bienfaiteurs de l'humanité, serviteur de l'âme pour l'un, pourvoyeur de richesse pour l'autre, au final ils ne servent qu'eux-mêmes, et leur ambition. Ils vont s'affronter, ils vont se confronter, ils vont s'humilier, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un.
There Will Be Blood sous des dehors de fresque sur fond de pétrole, d'épopée dans l'Amérique du début du siècle, est une nouvelle introspection de l'Amérique. De cette Amérique partagée entre la folie de l'argent et la folie de Dieu. Un drame intime d'un homme qui ne rêve que d'une chose, avoir assez d'argent pour vivre loin des hommes. Un portrait cruel des promesses non tenues. Celle de la rédemption dans le giron de l'Eglise. Celle d'un pays de cocagne où tous les rêves les plus fous peuvent se réaliser. Car au final, il n'y a pas de salut, ni dans Dieu, ni dans l'argent. Et l'ultime confrontation entre les deux hommes ne donne pas de vainqueur.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'EST TOUT NOIR !!!

Arnaud J. Fleischman a dit…

Quel sens de l'observation!!!

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