mercredi 5 mars 2008

Gé-né-ro-si-té

Il y a peu, je me plaignais d'une certaine tendance du cinéma français à ne pas être généreux, à ne pas faire des films pour le public, mais pour un club, une élite, pour son nombril. Dernièrement, j'ai eu le droit à deux films généreux, dans des genres et avec un talent différents.
Comédie de l'année pour Canal (après avoir accordé ce titre à Asterix), grosse promotion tout azimut, même France Inter s'est penchée sur le film avant sa sortie nationale, Bienvenue chez les ch'ti, n'avait pas une chance de m'attirer en salle. Mais je suis en vacances, j'ai du temps, et donc j'y suis allé. Bon, soyons tout à fait clair, Danny Bonn n'est pas une grand metteur en scène, ce n'est pas un metteur en scène du tout. Le film est plan-plan, juste au dessus de la qualité d'un téléfilm. Mais le propos n'est pas là. Il n'est pas dans son scénario, assez bateau, et très prévisible. Ce qui le sauve à mes yeux, c'est que Danny Boon y a mis son coeur, son amour pour une région et ses habitants. Il filme (mal) à hauteur de ces hommes et femmes, sans juger, mais sans non plus en faire, comme le ferrait un Pernaut, des "héros" d'une France perdue, les tenants d'une tradition rassie. Il aime le Nord, la culture, la langue, mais ne la place pas au dessus des autres. Il ne dit pas que les ch'tis sont meilleurs, plus sympathiques, plus ouverts. Il dit simplement qu'il les aime, et ça se sent. Le film est sincère dans sa démarche, même s'il est maladroit dans sa réalisation. Ce n'est pas un grand film, mais un petit, honnête et généreux.

Nouveau film de Michel Gondry, Be Kind, Rewind (Soyez sympa, rembobinez), est une déclaration d'amour au cinéma, à ceux qui le font et à ceux qui l'aime. Certain pourraient voir dans cette histoire de bras cassé (Jack Black dont je vous recommande le petit inédit DVD Tenacious D. in The Pick of Destiny et Mos Def) refaisant les hits du cinéma avec trois bout de ficelle, et rencontrant le succés, une façon de dire que le cinéma est fini, et qu'il suffit d'un caméra et des costumes en carton pour égaler, voire dépasser les plus grand films, les plus grands succés. C'est tout autre chose qu'il y a dans ce film. Il s'agit de parler de la capacité d'émerveillement que procure le cinéma quand il est fait avec sincérité, amour, et générosité. Gondry aime le cinéma, et il aime en faire. Il y a dans sa démarche une passion pour le cinéma comme instrument d'émerveillement. A la façon des illusionnistes, l'important ce n'est pas le truc, parce qu'il y a un truc, mais la magie que l'on arrive à faire passer au travers du truc.
En cela Gondry ne dit pas que tout le monde peut faire du cinéma, mais que si on donne une caméra à un novice cela donnera quelque chose de différent, pas mieux, pas moins bien, différent.
Gondry replace également le cinéma dans son rôle de lien social. Que ce soit dans une salle comme spectacle collectif, ou en dehors, comme une référence commune. Nous avons vu tout ou partie des films "suédé" par Gondry, et il suffit d'une scène pour nous en souvenir, et rire de la façon dont les deux bras cassés les traitent.
Comme les précédents films de Gondry, celui-ci est empreint d'une poèsie toute particulière, et d'un caractère foutraque mais diablement inventif.

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